Quels contenus numériques voulons-nous ? KONTNÜ, partenaire de RESET
Impulsée par la Fing, la démarche collective RESET souhaite rendre possible un numérique voulu plutôt que subi, facteur d’autonomie plus que de dépendances. « Un numérique qui proposerait du mieux, plutôt que du toujours plus » résume Jacques-François Marchandise, Délégué Général du Think Tank. Convaincu par la démarche et la convergence de vue, KONTNÜ a rejoint Cap Digital, l’Ademe, La 27ème région, Le Groupe La Poste, Orange, La Maïf… pour n’en citer que quelques-uns, au sein de la communauté de partenaires mobilisés autour de Reset. Carine Gouriadec, membre de KONTNÜ, et moi étions présentes à la conférence #Reset2019 le 03 Décembre 2019.
Exclusion, dépendance, facture énergétique… la face sombre du numérique
Au cœur des transformations contemporaines, le numérique est aussi à l’origine de multiples problèmes : empreinte écologique inquiétante, frustrations, inégalités, parfois même discriminations… Par exemple, la dématérialisation a simplifié les démarches administratives d’ un français sur cinq seulement, alors que les 2/3 voient des freins à l’accomplissement de celles-ci en ligne (Baromètre numérique 2019 de l’Arcep).
Clairvoyante intervention de @bibicheri : de l'urgence de penser le monde que l'on veut quand le patron de Netflix déclare que son principal concurrent est… le sommeil.
Premier facteur de santé publique.#RESET2019Détaillée dans ce papier de @LesEchoshttps://t.co/DLzdwh8lKL
— Gérald Elbaze Pro (@ElbazePro) December 3, 2019
Autre sujet qui fâche, la concentration des pouvoirs entre les mains des plateformes et notre addiction par rapport à leurs services. Marie Ekeland (cofondatrice du fonds d’investissement Daphni) rappelle des propos passés trop inaperçus : le patron de Netflix martèle depuis 2017 que son principal concurrent est… notre sommeil. Voilà qui fait aussi froid dans le dos que le temps de cerveau disponible de Patrick Le Lay. Autres temps, autre monde, même mépris… pour l’humain !
« On parle partout de transformation numérique comme s’il s’agissait d’une fin en soi » remarque Daniel Kaplan (co-fondateur de la Fing) :
« Il s’agit d’inverser la logique car le numérique d’aujourd’hui n’est pas adapté au monde de demain avec ses incertitudes et ses ressources limitées… »
Unir forces et moyens face aux grands acteurs mondiaux
Reprendre la maîtrise face au rythme imposé et aux décisions venues de loin, conjuguer transition écologique et justice sociale… autant de défis de taille qui imposent d’unir forces et moyens. D’où la démarche #Reset, initiée par la Fing il y a un an, dans le but de favoriser des coalitions élargies et des actions communes à l’échelle nationale et européenne.
Salut à l’équipe et la communauté #RESET2019 emmenée par @la_fing lors de la clôture de la journée de travail sur les coalitions d’acteurs au service d’un numérique plus inclusif, éthique, soutenable pic.twitter.com/bAljUbdY1b
— Orianne Ledroit (@OrianneLedroit) December 3, 2019
Une ambition concrétisée par la conférence participative #Reset2019 le 03/12/19, dans les beaux locaux du bon coin . Un hôte et partenaire de l’événement privilégié qui coule de source tant l’activité même de l’entreprise promeut une consommation de proximité d’occasion à même de limiter l’empreinte écologique. Alternant conférences inspirantes et ateliers de fabrique de « coalitions » thématiques, cette rencontre visait à « donner des idées, de l’énergie et envie à chacun d’agir pour réinventer le numérique. » Mission accomplie pour Carine, moi et quelques 150 autres…
Associations, collectifs, universités, collectivités territoriales, grandes et petites entreprises et individus… ont partagé leurs aspirations, leurs indignations, leurs questionnements, leurs projets… Des acteurs multiples, aux niveaux de maturité, manières de se mobiliser et points de vue qui diffèrent parfois… Peu importe, pourvu que tous convergent sur les fondamentaux.
Des contenus sobres, responsables, capacitants… 100% en phase avec Reset
Capacitant, inclusif, frugal, innovant, démocratique, équitable, protecteur… autant vous dire que KONTNÜ se retrouve dans les 7 qualités souhaitées par Reset et ses partenaires pour le numérique de demain.
Des défis palpables concrètement à travers les contenus, en tous cas dans ceux portés par KONTNÜ :
- sobriété éditoriale promue depuis longtemps par Ferréole Lespinasse,
- choix de formats minimisant l’impact énergétique,
- concision pour économiser l’attention des publics en proie à l’infobésité,
- mise en récit de la diversité plutôt que des représentations discriminantes,
- adoption d’un langage clair accessible au plus grand nombre,
- pédagogie sans simplification outrancière pour responsabiliser
- …
J’en oublie forcément !
⏰Se réveiller, secouer l’inertie, bousculer les habitudes pour dessiner un #numérique éthique responsable inclusif. Découvrir au passage la maison & les valeurs incarnées @leboncoin @ajouteau Merci #reset2019 @la_fing @SalsaHayek et…au boulot ! 💪#NumériqueEthique #TransfoNum pic.twitter.com/2oEC6Ty3w7
— carinegouriadec (@cgouriadec) December 4, 2019
Pour qui a parfois l’impression de prêcher dans le désert, voire de se voir soupçonné.e d’angélisme face à la dictature du like et du flux , une telle journée donne du baume au cœur et du cœur à l’ouvrage. Ouf, on n’est pas tout seul !
De l’offre à la demande, les initiatives convergent
Effectivement, les initiatives sont multiples. Du côté de l’offre, avec notamment GreenIT démarche d’amélioration continue initiée par Frédéric Bordage pour réduire l’empreinte économique, écologique et sociale des produits et services numériques. Alors que Green IT est verticale et centrée sur les systèmes d’information, le collectif Conception Numérique Responsable (CNR), dont KONTNÜ fait partie, adopte une approche plus transversale qui intègre les autres fonctions impliquées dans les projets. Le CNR promeut aussi l’écoconception : intégrer la performance environnementale et sociale dès la conception d’un produit ou d’un service. On serait presque tentés d’élargir ou d’affiner en parlant d’écoproduction de contenus…
La « bataille » se joue aussi sur le versant « demande », avec des usagers de plus en plus conscients de la nécessité de maîtriser et responsabiliser leurs pratiques. L’Institut National de la Consommation a organisé le 11 Décembre 2019, à l’Assemblée Nationale, un colloque sur le thème « Consommation et numérique » . Les acheteurs professionnels B to B ne sont pas en reste : le Cigref (qui regroupe les DSI des plus grandes entreprises françaises) a édité son référentiel pratique Ethique et Numérique. Tant mieux ! L’adoption de critères communs et exigeants par les commanditaires constitue un levier majeur de changement.
Des défis de communication, donc de contenus
Pour Christine Balagué (Professeur à l’Institut Mines Telecom), le numérique arrive aussi enfin dans les démarches RSE des entreprises ou organisations et c’est le moment :
« Concernant le climat, on est allés trop loin ; sur le numérique, il est encore temps de corriger les effets négatifs ».
Serge Abiteboul (Directeur de recherche à l’Inria et l’ENS) lui emboîte le pas sur l’analogie et nous encourage à ne pas reproduire les mêmes erreurs :
« Le réchauffement climatique était identifié par des scientifiques dès les années 70, la sensibilisation du grand public a mis 60 ans » !
Un défi de vulgarisation et de communication donc, à relever par les professionnels des contenus responsables pédagogues et « traducteurs de la complexité » que nous sommes 😉
Pourtant, aux côtés des designers, développeurs, entrepreneurs, professeurs, acteurs publics, travailleurs sociaux, chercheurs… – j’en oublie – réunis à la conférence Reset2019, l’univers des contenus m’a semblé peu présent, tout comme celui de la communication ou du journalisme. Des domaines, qui ont pourtant un rôle clé à jouer pour favoriser la prise de conscience et influer sur un numérique souhaité plutôt que subi. On en discute à Kontinüum, le colloque dédié au Pouvoir des mots organisé par KONTNÜ le 17 janvier 2020 à Paris ?
Muriel Gani