Michel Olivier
Le pouvoir des mots et normes sociales
L’intervention commence par une rapide revue historique des 2 grandes traditions philosophiques sur le langage. Une tradition objectiviste qui commence avec Aristote, et une tradition que l’on qualifiera de culturaliste, qui commence au tournant 19ème/ 20ème siècle, avec notamment l’emblématique hypothèse de Sapir Whorf 1929.
Dans la première tradition le langage épouse ou doit épouser les formes du monde et lui être fidèle. C’est l’entreprise scientifique de vérité. Dans la seconde tradition, le langage détermine et façonne le monde.
Bien sûr l’idée même de pouvoir des mots renvoie directement à cette seconde tradition.
L’intervention défendra alors la thèse suivante :
Lorsque les mots se libèrent de leur pur devoir de vérité pour s’arroger le pouvoir de façonner un monde, ils ne font qu’épouser les normes sociales qui seules peuvent leur donner sens. Les mots s’appuient toujours sur un solide extérieur, de nature sociale dans la seconde tradition, de nature objective dans la première tradition. Nous verrons cela de près à travers les exemples de deux ou trois philosophes contemporains.
Les mots n’ont ainsi jamais de pouvoir en eux-mêmes, ils ne font que révéler le pouvoir. Mais en révélant le pouvoir, ils nous appellent à être attentifs à l’indicible ou au périssable. Les mots ont donc le pouvoir de nous révéler les fragilités et les appels de ce à quoi nous tenons.
Ancien élève de l’École polytechnique et de l’ENSAE, Michel Olivier est docteur en philosophie, membre de l’Institut de Recherche en Philosophie de l’université Paris Nanterre où ça thèse a été soutenue.
Ancien consultant au Boston Consulting Group, il est également un entrepreneur ayant créé et dirigé plusieurs sociétés dans les secteurs du tourisme et de la culture.
Auteur de livres sur les philosophes Perice, Quine et sur Levinas, il est directeur de programme au Collège International de Philosophie (CIPh) et enseigne à l’université Paris Nanterre.