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  /  Master Humanités & Management

Le Master Humanités & Management vu par ses fondateurs

L’association Kontnü est fière de sa collaboration avec la formation Humanités & Management avec laquelle elle a co-organisé l’évènement Kontinüum.

Marcos Giadas et Gérald Péoux, les deux directeurs de la formation Humanités et Management de l’Université Paris Nanterre; vous présentent le Master qu’ils ont créé en 2012.

Marcos Giadas

Directeur du Master Humanités et Management et du parcours Marketing Interculturel.

Gérald Péoux

Co-Directeur du Master Humanités et Management et directeur du parcours Digital Management, je participe également à la conception de formation sur les compétences transverses (esprit critique, développement d'un réseau professionnel...) et je suis chercheur associé en histoire des sciences à l'Institut d'Histoire Moderne et Contemporaine.

Pourquoi avez-vous créé le master Humanités et Management ?

M. Giadas : La création du Master Humanités et Management s’inscrit dans une réflexion menée sur la place des « humanités » (lettres, philosophie, histoire) au sein de l’université et de façon plus générale dans le monde socio-économique.

Nous partons du principe que des étudiants qui suivent ces formations dites littéraires en licence possèdent des atouts dans le monde de l’entreprise à l’heure où il est plus que jamais question d’économie de la connaissance, de créativité et de globalisation. Dans ce contexte, notre master propose de donner des outils à ces étudiants capables de porter une autre vision du management, d’autant que cela répond à une demande réelle de la part de plus en plus d’entreprises.

En quoi ce diplôme se distingue de ceux qui sont proposés dans les écoles de commerce ?

G. Péoux : Si j’étais caricatural et provocateur, je dirais, concernant l’enseignement des humanités (dont se prévalent de plus en plus d’écoles de commerce), que la distinction entre les deux formes d’apprentissage est la même que celle qui existe entre le nappage et l’ingrédient de base dans la recette d’un gâteau…

M.Giadas : Par de nombreux aspects le Master Humanités et Management se différencie des autres formations. Comme dans toute aventure collective nous pouvons ici parler d’une communauté composée d’étudiants, enseignants, managers, etc., qui partagent une ensemble de valeurs. Écrire, parler et penser sont les principales aptitudes que nous apportent les humanités. Cela peut sembler une banalité mais de nombreuses difficultés rencontrées dans le management pourraient être évitées si ces fondamentaux étaient mis en application avec davantage de rigueur.

L’alliance d’un esprit critique et de la connaissance du management est-il un moyen de former des managers plus performants ?

G. Péoux : Je vois l’esprit critique comme l’art du discernement. C’est la capacité à analyser des situations ou propositions grâce d’une part à une intuition rationnelle (un peu comme « l’intuition évidente » de Descartes) mais aussi au moyen des outils de déduction qui permettent d’éviter des pièges de raisonnement. Dans un monde où l’on demande au management d’adopter une vision large (ou haute) de la fonction, il me paraît évident qu’un esprit critique assis sur une large culture générale acquise au cours d’études complètes permet d’embrasser la complexité de nombreuses situations. Cela a longtemps été mon intuition et c’est aujourd’hui quelque chose que j’ai pu expérimenter au cours de discussions que j’ai eues avec des managers d’entreprises. J’ai d’ailleurs co-créé avec Jean-Roch Houllier un parcours de formation à l’esprit critique à la demande d’entreprises, preuve qu’il y a une demande.

M. Giadas : Je le pense, d’autant que cela permet justement de reposer la question des critères sur lesquelles on évalue la performance, autrement dit les critères de jugement. Au-delà de la vision à court terme dans laquelle semble souvent coincé le management classique, se trouvent d’autres façons de percevoir et interpréter la réalité et par conséquent de se fixer des objectifs qui tiennent compte de notions telles que le développement humain, le bien-être au travail ou encore le bien commun.

Pourquoi avez-vous choisi de collaborer avec l’association KONTNÜ ?

M. Giadas : Ce choix s’est fait très naturellement. Nous avons le plaisir et la chance de compter parmi les professionnels qui interviennent dans le master, l’une des fondatrices de l’association KONTNÜ. Eve Demange enseigne les stratégies de partenariat et de contenus dans le parcours Digital Management depuis près de 5 ans. Au cours des échanges au sein de l’équipe pédagogique, l’idée de ce colloque a été avancée. Eve connaît bien les qualités de nos étudiants et nous apprécions son esprit et sa façon de travailler.

Les valeurs du master Humanités et Management sont-elles identiques à celles de l’association KONTNÜ ?

« Donner du sens au digital, le reconnecter avec les enjeux sociétaux et environnementaux, notamment en encourageant le développement local, voilà un programme qui correspond totalement à nos valeurs. »

G. Péoux : Il me semble que les valeurs de KONTNÜ sont articulées autour de la notion de sens. Figurez-vous que j’ai participé récemment à une discussion avec des représentants de différentes entreprises en tant que co-directeur du master. En présentant le contenu du diplôme et le profil des étudiants, j’ai tout naturellement évoqué cette notion de « sens porté ». Je crois donc que le master converge donc naturellement vers les valeurs de KONTNÜ qu’il est aujourd’hui nécessaire de rappeler…J’ai récemment eu une conversation autour de ces questions avec une collègue, chercheuse de très grande qualité en littérature et philosophie des sciences, qui m’a fait cette réflexion : « La recherche de sens, c’est humain ! ».

M. Giadas : Elles en sont très proches. Ce dont il est question ici c’est de comprendre le monde et agir en prenant le recul nécessaire sur les différents enjeux auxquels doivent répondre individuellement et collectivement. Il s’agit d’appréhender le digital en tant que fait social total, pour reprendre l’expression de Marcel Mauss, et de s’en saisir dans le but de mener ce que l’on pourrait appeler une mission. Donner du sens au digital, le reconnecter avec les enjeux sociétaux et environnementaux, notamment en encourageant le développement local, voilà un programme qui correspond totalement à nos valeurs.

En quoi l’expérience, qui consiste à organiser un colloque, est-elle valorisante pour vos étudiants ?

« Aucun étudiant ne s’investira au même niveau émotionnel dans une forme universitaire classique d’enseignement. »

M. Giadas : Il s’agit d’une expérience unique, et c’est une première pour nous. Gérald Péoux a fait un travail considérable afin de mettre les étudiants en situation de co-organisateurs d’un événement de cette importance. Outre les apprentissages dont bénéficieront les étudiants en prenant en charge ces activités, c’est aussi une forme de reconnaissance de la part d’un collectif composé d’experts dans leurs domaines respectifs. Nous pensons qu’ils y puiseront une certaine inspiration.

G. Péoux : L’organisation du colloque repose initialement sur un objectif assez précis (la tenue du colloque à une date donnée) mais sur une organisation balbutiante. Nous avons d’un côté des professionnels de la stratégie de contenu qui veulent relancer à Paris un événement qui se tenait auparavant en province, par ailleurs des étudiants qui ont choisi un parcours (« digital management ») jusque-là assez bien rodé et à qui on explique qu’ils vont expérimenter une nouvelle formule et enfin un corps enseignant dont l’objectif est de mener à bien un programme académique en suivant au mieux une maquette pédagogique validée par des instances administratives. Comment articuler tous ces acteurs, sachant que ces trois groupes ne sont pas totalement séparés au départ : en effet l’un des enseignements est justement dispensé par un des membres de KONTNÜ qui se trouve donc être à la fois « professionnelle » et enseignante ; par ailleurs, moi-même, je suis en charge d’un module dit de « projet » dans lequel l’organisation du colloque est cette année au programme pour tous les étudiants du parcours. Il y a donc des recouvrements et nous ne pouvons ignorer l’existence de ce projet dans l’organisation de nos enseignements. De même, les étudiants sont particulièrement investis dans l’événement à tel point qu’il leur est difficile, parfois, de s’intéresser à d’autres sujets.

Nous voyons donc que chacun a ses propres objectifs et ses propres expériences. Dès le début, j’avais anticipé que cela pourrait générer quelques frictions, mais je crois que l’expérience est très riche (même si certaines fois très frustrante ponctuellement) et qu’aucun déroulé pédagogique sur le mode classique cours/TD/TP ne peut s’approcher autant de la réalité. En effet, aucun étudiant ne s’investira au même niveau émotionnel dans une forme universitaire classique d’enseignement. Ici, il ne s’agit pas d’un simple exercice, mais d’un engagement. Bien sûr, il y a un prix à payer : comme je l’ai dit précédemment, nous n’avons pas toujours pu épuiser tous les sujets envisagés, mais nous avons affaire à des étudiants capables de prendre en main des sujets de manière autonome ou en bonne intelligence (collective). Je suis convaincu qu’ils se débrouilleront le moment venu car ils auront appris à apprendre.